vendredi 20 novembre 2015

Critique Livre n°14 : D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds de Jón Kalman Stefánsson

Salut la Compagnie !

Grâce à Babelio et aux Editions Gallimard, j’ai pu découvrir le dernier roman de cet auteur islandais.
Je n’ai pas été déçue ! C’est parti pour D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds de Jón Kalman Stefánsson.

Le résumé :
Ari regarde le diplôme d’honneur décerné à son grand-père, le célèbre capitaine et armateur Oddur, alors que son avion entame sa descente vers l’aéroport de Keflavík. Son père lui a fait parvenir un colis plein de souvenirs qui le poussent à quitter sa maison d'édition danoise pour rentrer en Islande. Mais s’il ne le sait pas encore, c’est vers sa mémoire qu’Ari se dirige, la mémoire de ses grands-parents et de leur vie de pêcheurs du Norðfjörður, de son enfance à Keflavík, dans cette ville «qui n’existe pas», et vers le souvenir de sa mère décédée. 
Résumé coupé volontairement pour ne pas trop dévoiler l’intrigue.

Mon avis :
Ce roman raconte l’histoire de plusieurs membres d’une même famille, à des époques et dans des lieux différents. C’est avant tout l’histoire de plusieurs vies qui se croisent, se « décroisent » et qui passent. Dans toutes les époques, les personnages sont à la recherche de réponses sur eux-mêmes, mais le plus souvent ils fuient leurs problèmes et ne veulent pas affronter qui ils sont vraiment au fond d’eux.
La famille dont font partie les personnages est ancrée dans la réalité de la vie. Ce sont les mêmes préoccupations pour tous, à savoir : la vie, la dureté du climat, les relations de famille, le contexte socio-économique oppressant, … des tourments humains en soi.
La linéarité temporelle n’est pas respectée dans le roman et trois époques se mêlent, les années 30, les années 80 et de nos jours. Nous passons d’un souvenir à un autre, de l’histoire de l’un à l’histoire de l’autre, et d’une époque à l’autre, sans que cela nous perturbe de trop.
L’histoire est racontée par un membre de cette famille, mais celui-ci reste quasiment anonyme. Il est le témoin des pensées les plus sombres et les plus brillantes des êtres qu’il côtoie. Bien qu’interne, il est également omniscient. Il raconte les souvenirs et le présent d’Ari, son cousin, mais également d’Oddur et de Margrét, ses grands-parents, et enfin ceux de Jakob, le père d’Ari.
Ari fait face à la crise du milieu de vie (il a dépassé la quarantaine d’une dizaine d’année déjà).  Il se cherche, remonte le fil de ses souvenirs, affronte peut-être enfin ses problèmes et ce qu’il a fui en partant au Danemark
Margrét nous fait entrevoir la condition des femmes en Islande. Elle en souffre et refuse parfois de l’admettre. Son mari Oddur se cache souvent derrière son rôle de capitaine de bateau de pêche et derrière l’alcool. Le temps détériore leur relation et peut-être les longs hivers islandais sont une raison de plus de fuir, préférant ainsi se consacrer aux préoccupations matérielles qu’à leur propre bonheur.
L’univers peut sembler rude. Les étendues de lave noire, les pêcheurs un peu rustres, l’hiver rigoureux. Les gens sont simples mais peu enclin à partager leurs sentiments. Les descriptions des paysages et la vie des personnages donnent envie de connaître davantage l’Islande et les gens qui l’habitent et y habitent, connaître l’histoire de ce pays également.
Le livre nous fait part de certains de ces aspects tout en poésie. Des anecdotes ridicules aux moments qui comptent vraiment, Jón Kalman Stefánsson a une très belle écriture. Il faut s’habituer à ces longues phrases avec beaucoup de virgules. Mais, très vite, on est absorbé par cette plume presque magique. Chaque mot est choisi, même quand il est vulgaire. La lecture est fluide et l’histoire coule entre nos doigts comme les ruisseaux qui cherchent à regagner la mer. La traduction est parfaite à mon sens. Éric Boury a fait un excellent travail !

En conclusion, ce roman change du style que j’ai l’habitude de lire. Il est très beau malgré la rugosité des histoires que l’on y croise. Je n’ai peut-être pas été tout à fait absorbée par ce livre, mais il m’a fait ressentir de l’émotion au fil des pages et l’envie de poursuivre un peu plus loin la vie et les pensées des personnages. L’auteur fait découvrir un pan de son pays d’une très belle façon. C’est un joli 17/20.

P.S. : Jón Kalman Stefánsson est aussi l’auteur d’une trilogie
P.S. : Lors de la rencontre avec l’auteur organisée par Babelio et les Editions Gallimard, il a été annoncé que la suite de ce roman vient de paraître en Island. J’ai hâte de connaître la suite des aventures d’Ari et des autres !

Titre : D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds
Auteur : Jón Kalman Stefánsson
Année : 2013 en Islande, 2015 en France
Editions : Gallimard
Prix : 22,50 €
Nombre de pages: 442 p.







1 commentaire:

  1. J'ai peur d'être un peu perdue et ennuyée si l'énumération de souvenirs dure quatre cents pages. Il n'empêche que je l'ai repéré dans ma bibliothèque et il me fait bien envie !

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